Dice mi mujer que este "blog" está empezando a ser algo "aburrido" y seguro que tiene razón, ya que mi mujer siempre tiene razón, faltaría más. Así que hoy he decidido ocuparme de un asunto banal, aunque sin desaprovechar la oportunidad de darle un toque literario e histórico.
Las madalenas, o magdalenas, tienen su propia historia, del mismo modo que el croissant tiene la suya, que lo hace nacer del final del segundo sitio otomano de la ciudad de Viena en 1683, cuando los turcos, que intentaban un ataque sorpresa amparándose en la oscuridad de la noche, se ven sorprendidos por los panaderos, que tienen la universal costumbre de trabajar de noche, cuya alarma daría al traste con las aviesas intenciones otomanas y por ello los panaderos vieneses inventaron, en conmemoración del evento, este bollo en forma de media luna, que acabaría siendo un símbolo de identidad francesa tras su exitosa introducción en Paris. Aunque los de mantequilla, mis preferidos a despecho del colesterol, son alargados.
Las madalenas de las que hablo, las originales, no son redondas ni cuadradas, ni se parecen demasiado a lo que acostumbramos a consumir en España. Las madalenas han de ser ovales y asemejarse por su parte inferior a una vieira o "Concha de Santiago".
Su origen, si hemos de creer a Dumas en su "Gran Diccionario de la Cocina", está en la localidad de Commercy, en el departamento de Meuse en Lorena, y deben su nombre a Madeleine Paumier, criada de Mme. Perrotin de Baumont, quien alrededor de 1755, las preparaba para Stanislas Leszczyński, rey de Polonia y luego duque de Lorena.
Cuenta la leyenda que, en medio de una cena, el cocinero abandonó su puesto tras una discusión doméstica sin haber elaborado los postres, y que Madeleine Paumier se ofreció a preparar unos dulces según una receta casera familiar. Fueron los dulces del agrado del duque, y decidió bautizarlos "madeleines" en honor a la criada.
Magdala es una localidad costera del Mar de Galilea, hay que ver las vueltas que ha acabado dando el gentilicio.
Pero aun falta por llegar el hecho literario que ha dado su plena universalidad a las madalenas. Fue la pluma de Marcel Proust, ese personaje extraño, depresivo, obsesionado por la muerte y por su condición de "invertido", que curiosamente es el modo en que él mismo se refiere a los homosexuales en sus libros, la que nos regalase esa deliciosa descripción de la recuperación de un recuerdo, inalcanzable racionalmente, a través del sabor de un pedazo de madalena empapado en té en una cucharilla.
El pasaje pertenece al libro "Por el camino de Swann" (Du côté de chez Swann) primero de los siete que componen "En busca del tiempo perdido" (A la recherche du temps perdu).
No puedo resistirme a incluir el fragmento de Proust sobre las madalenas. El que no sepa francés, que acepte mis humildes disculpas y, si es posible, que se lea la edición en castellano, aunque no es lo mismo, traduttore, traditore, ya se sabe.
PS: A ver si hay suerte y mi santa esposa me hace madalenas para desayunar.
Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif.
Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.
Proust - Du coté de chez Swann - A la recherche du temps perdu
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